Interview de Constance Perard – OCP
Avant tout connue pour son activité de répartiteur, OCP propose aujourd’hui un véritable écosystème autour de l’officine avec comme objectif principal de mettre la logistique au service de la croix verte.
OCP fête en 2024 son centenaire. De répartiteur à véritable écosystème de l’officine, quel chemin parcouru ! Quel regard portez-vous sur ce siècle ?
OCP possède la plus longue histoire de la répartition en tant qu’entité individuelle, ce qui nous a offert de nombreuses opportunités. Contrairement à d’autres répartiteurs, OCP n’est pas constituée de plusieurs entreprises ayant fusionné. Nous avons donc eu toute latitude de mouvement pour créer un modèle logistique inédit en Europe qui n’a fait qu’évoluer pour gagner en efficacité et fluidité.
En quoi votre modèle est-il unique en Europe ?
La plupart des répartiteurs ont opté pour des dépôts de proximité dépendant des approvisionnements des laboratoires. Ainsi, lorsqu’un produit n’est pas disponible au dépôt, il faudra attendre que le laboratoire le livre avant qu’il ne soit réparti chez le pharmacien.
De notre côté, nous avons bâti notre modèle sur une plateforme nationale, baptisée Coregia. Nos 38 établissements pharmaceutiques, approvisionnant les pharmacies tous les jours, jusqu’à deux fois par jour, reçoivent leur livraison de ce seul centre national.
Prenons un exemple très concret. Un pharmacien client OCP passe commande, comme chaque jour ou presque, à son établissement OCP. Ce que ce dernier n’a pas en stock, il le commande auprès de Coregia. La commande y est alors préparée et expédiée le jour même pour être disponible dans l’établissement OCP dès le lendemain matin. Une camionnette prendra ensuite le relais et livrera les différentes pharmacies de sa tournée. En moins de 48h, un produit disponible au niveau national sera acheminé en pharmacie.
Le choix d’une plateforme nationale permet de synchroniser au mieux les flux en amont. Les laboratoires n’ont pas à livrer tous les dépôts individuellement, puisque nous le ferons avec notre propre réseau. Ainsi, nous parvenons à répartir en 48h les nouveautés des laboratoires dans toutes les pharmacies de France où qu’elles soient. De la même manière, nous pouvons remettre plus rapidement sur le marché les médicaments suite à une rupture de stock.
Mais OCP se présente comme étant bien plus qu’un répartiteur…
Au-delà de la plateforme logistique, nous avons notre plateforme digitale, aussi unique sur le secteur. Pharmalia (anciennement Link) est ouverte à tous les pharmaciens, clients OCP ou non et a été régulièrement enrichie de fonctionnalités qui aident le pharmacien, par exemple à anticiper les possibles ruptures de stock. Au fur et à mesure, nous avons développé d’autres métiers, toujours avec l’objectif d’accompagner le pharmacien au quotidien et dans l’évolution de son métier. En ce sens, nous avons un pôle Phoenix France Retail composé de 4 groupements : Pharmactiv, PHR, Pharmavie et Réseau santé. Ces quatre groupements s’adressent à quatre types de pharmacies différents et leur apportent des solutions de service aux patients, d’animations du point de vente et d’achats au quotidien. À cela s’ajoutent un organisme de formation et un écosystème d’aide au financement de l’installation et reprise d’officines. En ce sens, nous pouvons dire que nous accompagnons le pharmacien dès son projet d’installation.
Vous l’avez dit, OCP est impliqué dans l’aide au financement de l’installation d’officines. Alors que 2023 a enregistré une hausse record du nombre de fermetures, comment essayez-vous d’inverser cette tendance et soutenir le maillage territorial ?
Nous nous sommes rendu compte, il y a une dizaine d’années, du manque d’offre liée au soutien financier des pharmaciens souhaitant s’installer et ne disposant pas d’un apport de 200 ou 300 000 euros. En ce sens nous avons été les premiers à créer une offre booster d’apport appelée Initio. Pour aller encore plus loin dans l’accompagnement, nous avons créé il y a environ cinq ans les Carrefours de l’installation. Cette initiative repose sur une dizaine de meetings autour de l’économie de l’officine organisés dans les établissements OCP au travers de toute la France.
Tout l’écosystème de partenaires de la région est représenté : conseiller de gestion financière OCP, experts-comptables, transactionnaires, avocats, groupements, assurances ou entreprise de géomarketing. Ces partenaires, spécialisés dans l’officine, aident les jeunes pharmaciens ou les adjoints ayant déjà de l’expérience à définir leur projet et à trouver l’officine qui leur correspond le mieux afin de mettre le projet sur de bons rails.
En résumé, je dirais qu’OCP cherche à stimuler au maximum l’écosystème de la pharmacie en mettant en relation tous les acteurs pour éviter que les pharmacies ne ferment faute de repreneur surtout lorsque le projet est viable.
Le gouvernement semble vouloir s’appuyer de plus en plus sur le réseau officinal pour lutter contre la désertification médicale. Comment pensez-vous qu’il faille accompagner les pharmaciens pour les aider dans toutes les missions qui leur sont aujourd’hui confiées ?
Je vous expliquai précédemment que la logistique était notre cœur de métier. Cela concerne ce que nous faisons en interne, bien entendu, mais aussi en externe chez le pharmacien. Nous allons pouvoir apporter notre expertise dans la gestion des flux et des commandes mais aussi dans le rangement du back office. Comme pour nos établissements, l’objectif est le gain de temps et de souplesse. Un back office efficace sera peu chronophage et permettra au pharmacien de dégager du temps qu’il pourra passer derrière le comptoir, en vaccination ou en entretien.
Nous sommes actuellement en train de travailler activement sur des propositions logistiques permettant de gagner encore plus de temps. Je ne peux pas tout vous dévoiler pour le moment, mais on ne parlera pas d’OCP en 2024 que pour son centenaire.
Le second levier est bien entendu la formation. Notre filiale OCP formation possède plus de 40 ans d’existence et forme chaque année 3500 à 4000 pharmaciens ou préparateurs. Nous nous employons à offrir des formations très concrètes, dispensées le plus souvent par des pharmaciens encore en exercice et pouvant offrir davantage qu’une simple formation très verticale. Nous favorisons le partage d’expérience entre paires.
Sur votre site internet, la phrase « Construisons ensemble la pharmacie de demain ! » peut être lue. Quelle est justement votre vision de la pharmacie de demain ?
Une pharmacie de services, orientée vers le patient et offrant une expérience fluide et intuitive grâce aux technologies modernes.
En se basant sur des données, en mettant en place des algorithmes, OCP cherche à proposer des outils innovants dans le but, encore une fois, de faire gagner du temps au pharmacien. C’est ce qui nous anime depuis 100 ans et continuera de nous animer pour les années à venir.
En novembre dernier nous avons lancé Dicodoc, une digitalisation totale de notre base de données permettant une recherche multi critères.
Actuellement, nous nous penchons sur un système de tchat. Si le pharmacien tchatte sur un site de locations de vacances, pourquoi ne pourrait-il pas tchatter sur Pharmalia avec les agents OCP ? C’est en tous cas le type de projet sur lequel nous travaillons pour faire gagner en fluidité.