Interview de Miguel Mellick – Robotik Technology

By Published On: 14 décembre 2023

Miguel Mellick,

President du conseil de surveillance – Robotik technology

Sécurisation du circuit du médicament, gain de temps pour le pharmacien et collaboration accrue entre les professionnels de santé constituent les trois piliers sur lesquels E Sante Robotik a bâti sa réputation. Et grâce à l’utilisation de l’intelligence artificielle, le fabricant français espère rendre la PDA automatisée encore plus puissante.

D’abord réservée aux pharmacies fournissant au moins un Ehpad, la PDA automatisée est aujourd’hui ouverte à un plus grand nombre. Pensez-vous que l’on tend vers une majorité de pharmacies équipées ?

Bien sûr ! La PDA est apparue dans le code de santé publique il y a plusieurs dizaines d’années et figure aujourd’hui dans l’article R. 4235-48. D’autant plus qu’aujourd’hui, la maison de retraite ne représente plus qu’une toute petite partie de la PDA automatisée. Le marché le plus important reste à venir. Il s’agit du patient à domicile, en lien avec le vieillissement de la population et l’augmentation des maladies chroniques. Nous le voyons déjà dans la plupart des pays européens où nous sommes implantés et où la PDA est davantage répandue chez le patient à domicile, âgé ou non mais, le plus souvent, polymédicamenté.

De ce fait, avez-vous déjà initié le virage vers la PDA ambulatoire ?

Notre avons pour objectif de renforcer la continuité avec le patient, donc la PDA ambulatoire nous intéresse et nous avons déjà plusieurs solutions en ce sens. A domicile, le smartphone est devenu la clé de voûte de notre système. Il propose en temps réel les informations sur le plan de posologie, les photos des médicaments et alerte le patient au moment de la prise de son traitement. Même si le pharmacien n’est pas physiquement derrière le patient, il se tient derrière lui de manière digitale.

Le but est-il de renforcer le contrôle ?

Le renforcer oui, mais aussi matérialiser la prise du traitement avec des données. Avec une boîte, il est difficile de savoir si le patient a bien pris ses médicaments. Avec un outil de PDA comme le sachet dose ou le blister, il est possible de voir en quelques secondes si un traitement est pris et de partager ensuite ces informations avec le corps médical pour, éventuellement, adapter la forme galénique ou la posologie.

Pour le patient en maison de retraite, l’objectif est identique. Partager des informations sur la production de la PDA (en cours de fabrication, livrée, etc.) ou encore les substitutions effectuées par le pharmacien est essentiel. Pour faciliter cette communication, nous avons mis en place des outils qui « poussent » en temps réel les données dans les logiciels internes aux Ehpads.

Notre but premier est d’optimiser la prise en charge du patient en établissement comme à domicile par l’utilisation de données. On a vraiment une gestion personnelle du médicament, et sans y passer de temps, surtout avec l’automatisation.

Selon vous, quels sont les seuils à atteindre pour s’équiper en PDA automatisée ?

En dessous de 60 patients, le pharmacien et son préparateur peuvent le plus souvent gérer manuellement la préparation des piluliers. Entre 60 et 80 patients polymédicamentés, sachant que la moyenne se situe autour de dix spécialités pharmaceutiques prescrites et qu’il y a quatre moments de prise par jour, on parle déjà de centaines de médicaments à manipuler. La perte d’efficacité et le risque d’erreurs rendent l’automatisation attractive.

D’autant plus que les solutions sont aujourd’hui plus économiques que par le passé. Le coût mensuel de la machine, est aujourd’hui entre 600 et 1 000€, alors qu’un préparateur coûte, lui, entre 3 000€ et 3 500€ selon son lieu de vie et son coefficient.

Donc un équipement en PDA automatisée coûte aujourd’hui moins de 1 000€/mois ?

Entre 599 et 999€ en fonction de l’automatisation. Toutes nos solutions sont évolutives, ce qui nous permet d’accompagner le pharmacien même s’il souhaite aller vers plus d’automatisation ou encore plus de patients.

La phase d’équipement commençant à connaître une croissance moindre, va commencer la bataille pour les services après-vente et la maintenance des machines. Quel est le positionnement de Robotik Technology sur ce point ?

Vis-à-vis du SAV, notre positionnement est de maintenir le fil avec le pharmacien. A la différence de certains concurrents, nous sommes fabricants et non revendeurs. Nous garantissons donc nos machines dix ans, pièces et mains d’œuvre. Au-delà d’une éventuelle casse ou panne, cela signifie aussi que nous sommes en mesure d’upgrader nos machines pour accompagner le pharmacien cherchant à tendre vers plus d’automatisation ou augmenter sa capacité de production.

Il est important de bien comprendre que l’automatisation en PDA repose sur deux points. Bien entendu, il y a une partie matérielle, hardware, composée de pièces électromécaniques que nous concevons nous-mêmes. Ensuite vient la partie logicielle, software, qui est la partie la plus importante puisqu’elle ordonne à la partie hardware et que cette dernière exécute les ordres transmis.

Maintenant qu’un grand nombre de pharmacies est équipé, quels sont les axes de développement pour les entreprises comme Robotik Technology ?

Nous avons aujourd’hui développé un logiciel basé sur l’intelligence artificielle qui prend la main sur le LGO pour la facturation de la PDA. Puisque nous avons les informations sur les patients et les médicaments, notre logiciel peut communiquer avec le LGO et ainsi offrir une facturation directe au pharmacien, supprimant le risque d’erreur et lui permettant un gain de temps considérable. Et cela fonctionne également avec les logiciels métiers hospitaliers et ou de maison de retraite.

Notre objectif n’est pas de fonctionner en silo mais en complète synergie avec les professionnels de santé.

Gain de temps, suppression du risque d’erreur, validation pharmaceutique avec l’analyse en temps réel et la possibilité de modifier (refus de dispensation, etc.). Toute la chaîne est maintenant impliquée.

Qui dit automatisation dit traçabilité parfaite. Tous les actes sont maintenant parfaitement tracés et enrichissent la dispensation. Toutes les productions sont enregistrées dans des logs et sont prises en photo. Ces dernières sont ensuite analysées par l’intelligence artificielle avec reconnaissance de forme, de couleur, pour garantir la dispensation du bon médicament dans les bons dosages pour le bon patient et à la bonne heure.

Cette traçabilité parfaite, jusqu’à la bouche du patient, nous offre l’opportunité d’enrichir une blockchain avec des datas essentielles, améliorant ainsi le contrôle. Ajouter des informations à chaque fois qu’il se passe quelque chose et enrichir une base de données, voilà notre objectif.

Le deuxième axe sera la facturation automatique. En milieu rural comme en ville, le premier travail du pharmacien lors de la dispensation consiste à retaper l’ordonnance dans son LGO ce qui constitue une perte de temps considérable. Avec nos logiciels, tout est devenu automatique permettant au pharmacien de passer davantage de temps avec son patient. En ce sens, l’intelligence artificielle sera un levier de développement majeur que nous mettons d’ores et déjà en place avec la PDA. L’idée est de tendre vers plus de supervision et moins d’action, ce qui libérera du temps pour le pharmacien.